Inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO, le Puy-en-Velay est un site exceptionnel où ville et relief volcanique sont en grande harmonie. En effet, le bassin du Puy est une plaine d’effondrement marneuse encombrée par diverses formations volcaniques : necks et dykes, coulées basaltiques, brèches.
En effet, lorsqu’on arrive au Puy, on est tout de suite fasciné par la géographie des lieux : la ville est enserrée entre le Rocher Corneille, surplombé de sa Vierge à l’Enfant, le Rocher Saint-Michel coiffé de sa chapelle et la Cathédrale massive à l’architecture étrange qui domine les toits de la ville. Enfin, l’horizon porte notre regard vers les Volcans du Velay…
La "ville aux sept rochers" s'offre à nous !
Le Puy en Velay, préfecture de la Haute-Loire, est situé en plein centre du département. Pourtant en Auvergne, elle est plutôt tournée vers Saint-Étienne, à un peu moins d’une heure de route.
La visite commence par la place du Breuil, qui marque la transition entre la ville basse moderne et la ville haute enserrée autour du rocher Corneille.
Du nom de son sculpteur, la fontaine Crozatier, fondée vers 1860, est un savant mélange de pierre, de marbre et de bronze. Elle présente une composition pyramidale comprenant bassins et vasques superposées, ponctués à différents niveaux de statues de bronze.
L'iconographie reprend les modèles classiques ou s'inspire du vocabulaire néoclassique académique pour illustrer le thème des rivières et des villes personnifiées.
On se lance vers la ville haute où places et rues étroites montent jusqu'aux hauteurs.
Rue Meymard |
Belle devanture pour cet ancien magasin de luxe probablement |
Les façades colorées des maisons rappellent que l'on est ici aux portes du Sud. D'ailleurs, terre de culture occitane, le comté épiscopal du Velay fut longtemps rattaché à l'ancienne province du Languedoc.
Place des Tables |
Place du Plot |
La place du Plot, anciennement place du Pilori, est le point de départ de la Via Podiensis.
La tradition du marché aux fruits et légumes perdure depuis 1554. Mais avant cette date, ce sont les marchands du Poitou, de Provence et d'Espagne qui étalaient leurs armes, cuirs et joyaux.
Rue Raphaël |
Nombreux notables et familles bourgeoises résidaient autrefois dans la rue Raphaël.
Siège de la Joyeuse Confrérie des Cornards datant du 17ème |
La demeure des Cornards, bâtisse du 17ème siècle, est ornée de deux têtes à cornes, l'une hilare, l'autre tirant la langue. Elle était le siège d'une confrérie entièrement vouée à la fête et à la bonne chère.
La haute ville, secteur sauvegardé, renferme d’anciennes demeures, ornées de tourelles, de portes sculptées et de fenêtres à meneaux, ainsi que la Cathédrale Notre-Dame.
La ville compte aujourd’hui le même nombre d’habitants qu’au milieu du 18ème siècle, c’est-à-dire environ 18 500, soit environ 8 000 de moins que dans les années 70. Normal qu’il y règne encore aujourd’hui une impression d’ambiance rétro… La croissance démographique n’ayant pas engendré la défiguration des lieux, on a vraiment l’impression que le temps s’est arrêté ! Rajoutons à cela le fait qu’elle ait été préservée des ravages de la guerre et on comprend mieux maintenant la beauté architecturale des lieux.
Montons jusqu'à la Cathédrale en passant par la place des Tables ! |
A noter que la Loire passe à quelques km du centre de la ville sur la commune limitrophe de Brives-Charensac, on peut sans doute la voir du sommet de la statue Notre-Dame de France !
Grand Séminaire |
Au détour des ruelles entourant la cité, le clocher de la cathédrale peut être admiré sous toutes les coutures |
Hôtel de la Roche-Négly et des Dames de Chamblas (17ème siècle) |
La cité épiscopale est le point de départ de la « Via Podiensis » vers Saint-Jacques de Compostelle en Espagne. Ainsi, chaque année, de nombreux pèlerins partent du Puy pour un long parcours initiatique qui les conduira à Conques, dans l’Aveyron. Cette route s'inscrit dans le prolongement de "l'Oberstrasse" ("route haute") qui relie l'Europe centrale à l'Espagne.
Ce sont des milliers de pèlerins qui se sont aventurés sur ces chemins qui étaient plutôt dangereux, puis peu à peu oubliés avec la modernisation des transport aux 19 et 20èmes siècles. Mais depuis la fin du siècle dernier, la tradition s'est ravivée un peu, c'est aussi l'occasion pour les férus d'histoire et de vieilles pierres de traverser des contrées sauvegardées et des paysages grandioses.
Cette cité épiscopale imposante est composée de plusieurs bâtiments : le baptistère Saint-Jean, la maison du Prieur, l'Hôtel-Dieu, la Chapelle des Pénitents et bien sûr l'immanquable Cathédrale Notre-Dame accolée à la Chapelle des Sacrements et du célèbre cloître.
La Chapelle des Pénitents et sa porte aux vantaux sculptés dans le style Renaissance |
Plusieurs choix s'offrent à nous pour accéder à la Cathédrale :
- soit par un escalier de 134 marches menant au portail ouest de la Cathédrale,
- soit par un lacis de ruelles moyenâgeuses autour de la cité.
Ce somptueux édifice de style roman tire son originalité de ses influences de l'Orient que l'on retrouve notamment dans les croisées des coupoles octogonales des voutes de la nef.
On se rend compte là de l'immensité de la construction ! |
Les lieux renferment une des plus célèbres vierges noires du pays. Celles-ci sont des effigies féminines qui appartiennent à l’iconographie du Moyen Âge européen.
La véritable statue du Puy-en-Velay fut brûlée à la Révolution en 1794, ses membres ne sont pas apparents et sa robe lui confère une forme triangulaire. Aujourd'hui, c'est une copie qui est exposée.
La "Cité de la Vierge" garde encore aujourd'hui les traces d'une longue tradition religieuse.
Fondée au milieu du 19ème siècle, en fonte de fer, la statue Notre-Dame de France culmine sur le Rocher Corneille à 132 m au-dessus du bassin de la ville. De là-haut, on se trouve à 757 m d'altitude.
Sa masse totale est estimée à 835 tonnes !
Le 8 septembre 1855, jour de la fête de la nativité de la Vierge, les armées de Napoléon III sortent vainqueur durant la guerre de Crimée au siège de Sébastopol. En signe de gratitude, la construction d'une statue dédiée à Notre-Dame de France est entreprise avec 213 canons pris aux Russes en Crimée. La fonte de la statue commence à Givors dans la Vallée du Gier, grande région métallurgique de l'époque.
Elle fut apparemment la plus grande statue au monde pendant un temps avant la construction de la statue de la Liberté de New York.
Nous redescendons les rues en direction d'Aiguilhe, commune accolée au Puy.
Chapelle Saint-Clair (12ème) et monumentale croix de pierre du 15ème |
Au pied du piton volcanique de Saint-Michel se trouve la chapelle est édifiée en pierre de taille volcanique et recouverte d'ardoise.
Elle présente un plan octogonal, prolongé par une abside semi-circulaire.
Pont d'Estrouilhas du 12ème siècle |
Ce pont fut pendant très longtemps l’unique passage pour traverser la Borne au nord de la ville du Puy.
Le rocher Saint-Michel d'Aiguilhe, communément appelé dyke ou plus justement neck (cou en anglais), est en fait une ancienne cheminée volcanique qui s'est solidifiée à la fin d'une éruption et qui s'est ensuite érodée. Cette structure de lave solidifiée résiste mieux à l'érosion que les matériaux d'éjection qui l'entourent. Une fois le cône érodé, il reste une aiguille qui est la relique d'un cône disparu. Lié à une légende celtique, il fut autrefois lieu de culte des archanges.
Véritable prouesse technique, la chapelle édifiée au sommet date du Xe siècle. C'est l'évêque du Puy, Godescalc et le doyen de la cathédrale, Trianus, qui sont à l'origine de cette construction. En effet, en 950, Godescalc conduit le premier pèlerinage français vers Saint-Jacques de Compostelle. A son retour, il décide la construction d'une chapelle dédiée à Saint-Michel au sommet du rocher, son ascension étant alors considérée comme un complément du pèlerinage. Elle est inaugurée en 968.
La belle entrée de la chapelle s'offre à nous après l'ascension des 265 marches. On remarque ici que les murs suivent les contours du rocher |
L'intérieur de la chapelle est étonnant car son plan suit les contours du rocher, lui conférant une certaine irrégularité. Les architectes de l'époque ont du s'adapter au site comme en témoigne la complexité du système de voûtes. Les chapiteaux sculptés coiffant les colonnettes ainsi que les fresques, restaurées au XIXe siècle, habillant la voûte de la petite abside.
De là-haut, inutile de dire que le panorama à 360° est saisissant ! A 82 mètres au-dessus de la ville, il ne faut pas avoir le vertige !
Du sommet du rocher Saint-Michel, le panorama est saisissant. Au loin, on distingue les monts du Velay, anciennes formations volcaniques |
Maisons et monuments qui dégringolent du rocher Corneille sur le Mont Anis |
En voyant ce paysage, on comprend pourquoi la ville est aussi appelée la "cité de la Vierge".
Cette colline où se trouvent la cathédrale Notre Dame du Puy et le rocher Corneille a pris l'ancien nom de la ville du Puy (Anicium).
Nous redescendons du piton et, avant de quitter la ville, nous contournons par l'ouest où l'on peut trouver la Tour de Pannessac, datant du 13ème siècle. Celle-ci est le dernier vestige des 18 portes fortifiées à tours jumelles, que comptait la cité.
Fontaine Vibert |
Appelée aussi fontaine de la Nymphe Amalthée ou de la Chèvre, elle date de 1906. On peut lire un panneau indiquant "eau dangereuse à boire". De toute façon, le ton est donné par l'air monstrueux du poisson d'où sort cette eau !
La Nymphe d'Amalthée évoque une légende grecque selon laquelle Amalthée, la fille du roi de Crète, aurait nourri Jupiter avec du lait de chèvre. C'est une des cornes de la chèvre qui serait à l'origine de la corne d'abondance. L'origine du mythe est confuse, si bien qu'Amalthée serait une chèvre qui allaita Zeus enfant, aidée par des abeilles se chargeant de nourrir le dieu de miel.
Le Palais de justice |
Beaucoup de maisons et monuments de la région ont été construits avec du basalte, roche volcanique issue d'un magma refroidi rapidement au contact de l'eau ou de l'air. On est bel et bien en Auvergne, la pierre noire confère une ambiance toute particulière comme à Clermont-Ferrand ou Riom.
Avant de partir, on peut ramener quelques spécialités du coin tels que la lentille verte ou la dentelle à main.
Profitant des dernières heures de cette journée hivernale, on choisit de faire le chemin du retour par les Gorges de la Loire, mais avant de s'enfoncer dans les Gorges de Peyredeyre, on aperçoit au loin un spectaculaire paysage... c'est le village de Polignac dont on décide de s'approcher un peu.
Voici l'ancienne place des vicomtes de Polignac, les "rois de la montagne" ! |
Perchée sur un dyke (décidément c'est une manie dans le coin !), le château domine le village de Polignac. La forteresse occupe harmonieusement la configuration du lieu et s'étire sur 200 mètres. Elle conserve d'importants vestiges antiques et moyenâgeux.
Du haut de ses 32 mètres, le donjon du Château domine fièrement les environs. |
Eglise St Symphorien |
Premier arrêt à Vorey, station touristique au confluent de la Loire et de l'Arzon.
C’est à partir de cette ville que le plus long fleuve de France est flottable. On est ici à 80 km de sa source au mont Gerbier des Joncs.
Mur en trompe-l'oeil à Vorey |
L'Eglise Saint-Gilles |
Nous voilà à Chamalières-sur-Loire, sur la rive droite du cours d'eau. La belle et imposante église romane du début du 12ème qui s'y trouve mérite une halte. Elle appartenait à un ancien prieuré bénédictin assez prestigieux disputé par de grandes familles du Velay et du Forez. En effet, on se trouve ici aux frontières de ces deux régions naturelles ou pays traditionnels.
Ce petit passage hors du temps qui donne sur la Loire nous donne un bon aperçu de ce à quoi ressemblait les lieux il y a des siècles.
Une mystérieuse demeure dominant le fleuve impétueux |
Encore une journée bien remplie qui s'achève... |
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